La pistache 💚

Salut les TPTistes !

On se retrouve aujourd’hui pour le quatriĂšme Ă©pisode de notre sĂ©rie d’automne. Votre newsletter prĂ©fĂ©rĂ©e Temps pour Temps vous a concoctĂ© recettes, astuces et anecdotes autour d’un aliment de saison. Au menu de ce 24 novembre 2024, la pistache:

La suggestion : On la voit partout sur les rĂ©seaux sociaux, c’est une incontournable de l’apĂ©ro, on vous prĂ©sente la pistache !

Sous la toque : William Cottier et Showrobs, du restaurant L’EntrepĂŽt, Ă  Paris, travaillent la pistache, aussi bien en sucrĂ© qu’en salĂ©.

La bouchĂ©e :Une recette virale de pĂątes Ă  la mortadelle, burrata et pesto de pistache, miam.

Au coeur du pistil : Johanne, notre journaliste agricole, nous parle de la pistache française et de son marchĂ© durable et florissant.

SystĂšme B : On a trouvĂ© les meilleures astuces pour dĂ©cortiquer facilement les pistaches (spoil : c’est quand mĂȘme galĂšre).

Culture popote : La pistache, source de tensions entre les meilleurs amis du monde, les États-Unis et l’Iran.

Photo : @Kerstin Wrba / Unsplash ­
Crédit : @Cec M

La suggestion de la semaine đŸœïž

­La pistache, nom fĂ©minin, du latin pistacium, du grec pistakion, est un fruit sec issu du pistachier, constituĂ© d’une coque renfermant une graine verte. Croquantes, lĂ©gĂšrement sucrĂ©es et ludiques, les pistaches font partie des stars de l’apĂ©ro (quand on arrive Ă  les ouvrir). Mais on peut aussi les incorporer Ă  des sauces, des pĂątisseries, des terrines ou des farces.

La culture de la pistache remonterait Ă  des milliers d’annĂ©es avant J.-C., en Asie centrale, plus prĂ©cisĂ©ment vers l’Iran (on en reparlera un peu plus loin). Elle a connu un vĂ©ritable essor au VIIIe siĂšcle sous l’impulsion des arabes musulmans. En France, on a dĂ» attendre un peu plus
 et le rĂšgne de Louis XIV, au XVIIe siĂšcle, pour cultiver des pistaches. Mais ça n’a pas durĂ©, les cultures ont petit Ă  petit disparu, jusqu’à il y a quelques annĂ©es. Pour le plus grand bonheur de nos papilles, elles sont de retour dans le sud de la France.


Aujourd’hui, tout le monde peut en manger (mĂȘme si les prix sont parfois aberrants), mais ça n’a pas toujours Ă©tĂ© le cas. Dans l’AntiquitĂ©, c’était une denrĂ©e trĂšs rare, rĂ©servĂ©e uniquement Ă  quelques personnes. Un vĂ©ritable privilĂšge. Dans la Bible, on raconte aussi qu’au IIe siĂšcle avant J.-C., des pistaches avaient Ă©tĂ© offertes par le prophĂšte Jacob au pharaon d’Égypte. Pas sĂ»r qu’à l’époque, il les ait dĂ©gustĂ©es avec une bonne biĂšre ou un verre de Coca-Cola.

Sous la toque đŸ‘šâ€đŸłđŸ‘©â€đŸł

William Cottier et Showrobs nous accueillent dans la salle aux allures de grande vĂ©randa de L’EntrepĂŽt, dans le 14e arrondissement de Paris«C’est un lieu tournĂ© autour de la culture», commence William, le chef exĂ©cutif. Preuve en est, l’entrĂ©e est commune avec un cinĂ©ma.


Et ici, les cultures se mĂ©langent dans la cuisine. Showrobs, chef de partie, est originaire du Bangladesh«Je suis arrivĂ© en France en 2017, et je suis ici depuis 5 ans.» Avec lui, il a apportĂ© les saveurs de son pays natal, et des plats typiques Ă  la carte, comme le naan au fromage ou le biryani.

William (à gauche) et Showrobs (à droite) dans leur restaurant. Crédit photo : TPT

Un mĂ©lange des cultures favorisĂ© par l’accueil de chef·fes rĂ©sident·es pendant plusieurs annĂ©es. Â«On mettait notre Ă©quipe Ă  leur disposition, ils Ă©taient de pays, de cultures et de styles gastronomiques diffĂ©rents», explique William, fier d’avoir pu en profiter pour façonner son propre style. DĂ©sormais, c’est lui le chef exĂ©cutif du restaurant.


Il y a quelques semaines, pendant son absence, William a confiĂ© les clĂ©s de la cuisine Ă  Showrobs. Le Bangladais en a profitĂ© pour associer la pistache Ă  la cardamome et aux carottes. Dans un dĂŽme de meringue cuite Â«toute la nuit Ă  basse tempĂ©rature», Showrobs insert Â«une chantilly de cardamome, avec de la poudre de cardamome»«Dessus, on dĂ©pose des carottes confites, bien fines et caramĂ©lisĂ©es et des pistaches grillĂ©es tout autour», dĂ©crit le cuisinier.­ ­
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Le dessert de Showrobs. Crédit photo : L'EntrepÎt
Le dessert de Showrobs. CrĂ©dit photo : L’EntrepĂŽt


«Ça se rapproche d’une pavlova», rĂ©sume de son cĂŽtĂ© William qui adore la pistache. Â«Souvent je me laisse tenter quand il y a quelque chose Ă  la pistache. La glace, c’est ma prĂ©fĂ©rĂ©e», avoue le chef. Au restaurant, il l’utilise souvent pour faire du pesto«On troque les pignons pour de la pistache et le basilic pour de la sauge.»


Une inspiration Ă  l’image de son style. Â«J’adore la cuisine française, de terroir, mais ça m’embĂȘte de faire les classiques trop souvent, donc j’aime bien les petits twists». Sur la carte, qui change gĂ©nĂ©ralement tous les mois, vous pouvez par exemple trouver une terrine de boudin maison avec du chutney d’ananas aux 5 Ă©pices et Ă  la sauge, ou des crĂšmes brĂ»lĂ©es Ă  la pistache. Et pour les prochaines semaines, Showrobs et William ont une autre idĂ©e de dessert en tĂȘte: Â«un tiramisu Ă  la pistache».

La bouchĂ©e 👄

Aujourd’hui on fait simple avec un plat rapide, italien, gourmand. Bref, tout ce qu’il faut pour ĂȘtre parfait ! Des pĂątes agrĂ©mentĂ©es d’un combo mortadelle – burrata – pesto de pistache (promis ça se fait simplement). Vous pouvez prendre des pistaches non salĂ©es pour avoir une assiette lĂ©gĂšrement sucrĂ©e-salĂ©e. Pour notre part, on trouvait que sans sel c’était un peu trop Ă©coeurant. 😉

Temps de prĂ©paration : 20 min.


IngrĂ©dients (pour 2 personnes) : 150 g. de pĂątes, 110 g. de pistaches, de l’huile d’olive, 6 cuillĂšres Ă  soupe de parmesan rĂąpĂ©, une gousse d’ail, une burrata, 4 tranches de mortadelle.

@ChrisCurry via Unsplash

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1. Mettez vos pĂątes Ă  cuire en respectant le temps de cuisson qui est sur le paquet.

2. Attaquez-vous au pesto en mixant les pistaches, le parmesan, l’ail et l’huile d’olive, vous pouvez commencer avec quelques cuillĂšres d’huile puis en ajouter pour avoir une texture crĂ©meuse. Pensez Ă  garder quelques pistaches concassĂ©es pour le dressage.

3. Égouttez les pĂątes et mĂ©langez-les avec le pesto.

4. Servez les pĂątes dans une assiette avec deux tranches de mortadelle et une demi-burrata par personne. Saupoudrez de pistaches concassĂ©es.

Et voilĂ , de quoi se rĂ©galer avec une recette testĂ©e et approuvĂ©e par la TPTeam ! Si vous testez la recette, n’hĂ©sitez pas Ă  nous taguer sur notre compte Instagram @temps.pour.temps !

Au cƓur du pistil 🔎

Salut c’est Johanne ! Journaliste agricole, je vous emmĂšne dans les champs dĂ©couvrir la culture des aliments et rencontrer celles et ceux qui les produisent dans « Au cƓur du pistil Â». Alors Ă  vos bottes !

La pistache, la rĂ©silience de l’or vert

«Le pistachier, c’est quelqu’un qui court les dames ». La promotion de la pistache française entendue sur le vieux port de Marseille ! Mais la comparaison n’a rien d’une imposture: Â«Il faut un pistachier mĂąle pour huit femelles», Ă©claire Émilie Fiorito, qui a plantĂ© avec son mari 500 pieds dans le Vaucluse. L’expression provençale vient de loin: Â«Dans les annĂ©es 60, il y avait des pistachiers, mais c’était surtout dans les jardins». RĂ©coltĂ©es de fin aoĂ»t Ă  dĂ©but dĂ©cembre, les pistaches poussent dans les rĂ©gions sĂšches et venteuses, une aubaine pour la Provence. 

«En cas de canicule, l’arbre ne souffre pas du tout», enseigne Fabien Fiorito. Et en plus, ils sont Ă©conomes. Â«Le pistachier consomme deux Ă  quatre fois moins d’eau que d’autres arbres fruitiers de la rĂ©gion», ajoute Fabien Fiorito.­ ­
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Émilie et Fabien Fiorito dans leur exploitation. CrĂ©dit photo : Syndicat France Pistache

La pistache nationale commence Ă  se faire une place dans les champs français grĂące Ă  des producteur·rices qui se mobilisent pour monter une filiĂšre. Le 15 octobre, le syndicat France Pistache a lancĂ© officiellement la marque Â«pistaches de France».

Aujourd’hui une centaine Â«tente l’aventure» mais seuls sept producteurs ont dĂ©jĂ  eu leurs premiĂšres pistaches. Â«Le pistachier est une culture pĂ©renne, poursuit Fabien Fiorito, la premiĂšre rĂ©colte commercialisable arrive autour de la 6e annĂ©e aprĂšs plantation. Plus il prend de l’ñge, plus il produit». Une façon de parier sur l’avenir pour ce couple, et pour longtemps. Si les pistachiers ont une durĂ©e de vie entre 150 et 200 ans«le plus vieux pistachier en Jordanie est ĂągĂ© de 450 ans», affirme Emilie Fiorito.

Systùme B 🔎

C’est le retour de notre fameuse rubrique trucs, astuces, bons plans et autres ressources pratico-pratiques. Nous y voici donc avec la pistache et son plus gros dĂ©faut
 sa coquille ! Saviez-vous qu’elle fait de la pistache la noix la plus rĂ©sistante ? Si vous aussi vous avez peur de vous casser un ongle Ă  chaque apĂ©ro et que vous n’osez mĂȘme pas regarder une pistache fermĂ©e dans les yeux, c’est le moment d’ĂȘtre attentif·ve.

Il y a plusieurs mĂ©thodes trouvables sur l’internet (notre raĂŻs Ă  nous, vous avez la ref ?). Certaines sont plus pratiques que d’autres, par exemple on vous dĂ©conseille de faire chauffer de l’eau pour y mettre vos pistaches avant de les mettre dans de l’eau glacĂ©e, ça demande un peu trop de prĂ©paration.
 

Par contre, il y a une technique qui semble trĂšs efficace : se servir d’un bout de coquille, l’insĂ©rer dans le trou et tourner pour ouvrir la pistache en deux. Si vous avez du mal Ă  comprendre le processus d’application, regardez cette vidĂ©o dans laquelle un monsieur parvient Ă  ouvrir TOUTES les pistaches, mĂȘme celles qui sont Ă  peine fissurĂ©es. Attention c’est hypnotisant



Les autres astuces que nous avons trouvĂ©es ne nous semblaient pas trĂšs pertinentes. En vĂ©ritĂ©, galĂ©rer Ă  extraire la pistache de son enveloppe fait partie du jeu. Et puis une coquille n’a jamais tuĂ© quelqu’un·e non plus. Et si vraiment vous n’arrivez pas Ă  l’ouvrir, mettez au dĂ©fi un homme autour de vous, ça lui fera tellement plaisir de rĂ©ussir Ă  l’ouvrir avec ses gros muscles !!

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@Travels in India, London & the UK

Culture popote 🍭

Pour certain·es, l’apĂ©ro est un moment de dĂ©tente entre ami·es. Pour les États-Unis et l’Iran, qui reprĂ©sentent ensemble 70% de la production mondiale de pistache, c’est davantage un sujet de discorde.
 

Berceau historique de la pistache, l’Iran en a longtemps Ă©tĂ© le principal producteur. Jusqu’à l’intervention des États-Unis, qui dĂ©cident d’en produire en grande quantitĂ© seulement Ă  partir des annĂ©es 1970. Une pĂ©riode pendant laquelle les relations avec l’Iran se dĂ©gradent. Comme par hasard. La culture de la pistache est alors devenue un moyen pour les AmĂ©ricain·es d’affaiblir l’économie iranienne en s’accaparant le marchĂ©.

Une stratĂ©gie plutĂŽt efficace. En 2018, les États-Unis ont exportĂ© 210.000 tonnes de pistaches, pour la modique somme de 1,7 milliard de dollars. CĂŽtĂ© iranien, c’est trois fois moins. Si on remonte 20 ans plus tĂŽt, les Iranien·nes gagnaient 350 millions de dollars en exportant 100.000 tonnes. Les exportations amĂ©ricaines s’élevaient, elles, Ă  seulement 20.000 tonnes, pour 80 millions de dollars.


En seulement deux dĂ©cennies, les États-Unis ont complĂštement inversĂ© la tendance, grĂące aux sanctions imposĂ©es Ă  l’Iran, Ă  une agriculture davantage modernisĂ©e et des investissements consĂ©quents. Comme quoi, la gĂ©opolitique se glisse aussi parfois Ă  l’apĂ©ro.

CrĂ©dit photo : EncyclopĂ©die de l’Ă©nergie 

La newsletter qui s’adresse aux fins gourmets. Comme la recette du fameux quatre-quarts, Temps pour temps se dĂ©cline en quatre portions : printemps, Ă©tĂ©, automne, hiver. Toutes les trois semaines, cette newsletter mijote au rythme de la nature pour offrir Ă  ses abonné·es un concentrĂ© des tendances culinaires de saison. Un projet cuisinĂ© par deux fines bouches, HĂ©loĂŻse Bauchet et Tanguy Roman-Clavelloux, et illustrĂ© par Cec M.

À dans deux semaines pour de nouvelles dĂ©couvertes gustatives.😋